La mort de Jacques Bouveresse vue par la presse

 

Autopsies de nécrologies

 

Survenue le 9 mai 2021, la mort de Jacques Bouveresse a été annoncée par un communiqué du Collège de France, où il avait été titulaire de la chaire de philosophie du langage et de la connaissance de 1995 à 2010. L’Agence France Presse a diffusé cette information le 11 mai 2021.

Compte tenu de l’importance des travaux du philosophe pendant des décennies, il était presque obligatoire que la presse relaie l’information, fût-ce avec quelque réticence : il est délicat pour ces divers organes, lors de son décès où un minimum de décence est attendu, de dresser le portrait d’un homme qui a constamment exprimé sa méfiance – pour rester poli – à l’égard de la presse, avec virulence, ironie, et un certain fatalisme. Mais ce numéro d’équilibrisme n’excuse pas tout : ni la désinvolture, ni le détournement à son profit, ni la masse d’approximations sur l’œuvre ou les raccourcis sur la vie même, ni la sournoiserie, ni la fainéantise et l’auto-plagiat confinant au grotesque.

Nous nous intéressons dans ces pages, avec un recul de près de 4 mois, au « traitement médiatique » de la mort de Bouveresse, événement ici envisagé comme un cas emblématique des pratiques de la presse lorsqu’il s’agit de parler de philosophie. Car la presse, quasi unanimement, a encore une fois montré ses prodigieuses facultés pour être informative, objective, précise, dure à la tâche et avec un sens aigu des priorités.

Un premier tour d’horizon est présenté dans la première page. On le verra, ce tour est rapide car la presse écrite n’a accordé que peu de place à cette information, essentiellement sur les sites en ligne et non sur les versions imprimées. Quelques curiosités méritent cependant une certaine attention.

Le magazine L’Obs a pour sa part adopté une attitude, ou non-attitude, très particulière. Il faut dire qu’entre Bouveresse et ce magazine (ou, comme en son temps aurait écrit Jean Daniel : entre « MOI (et Jacques Bouveresse) »), un certain nombre de différends ont donné comme une série de parfaites illustrations de la presse française à l’égard de la vie intellectuelle. Une page y est donc spécifiquement consacrée.

Pour la nécrologie de Bouveresse toutefois, Robert Maggiori a surpassé dans Libération presque tous ses « frères » ; pour son article paru le 12 mai 2021, il mérite une longue page pour lui tout seul.

Mais ne restons pas révoltés ou accablés par cette seule petite musique polyphonique. Cette mort a aussi donné lieu, dans les jours qui l'ont suivie, à une série d’hommages sincères, et surtout de textes qui vont bien au-delà de la nécrologie. Est donc également dressée une liste de véritables articles de fond parus à cette occasion, écrits par ceux qui ont sinon connu, au moins sérieusement lu Bouveresse, et à qui ils doivent intellectuellement tant.

Chapitre I. Un philosophe chez les nécrophages

Chapitre II. Le philosophe nouvel-observé (ou non)

Chapitre III. Robert Maggiori, le véritable auteur du Necrologicon

Chapitre IV. Récits des « parcours d’un combattant »

(note : les quatre chapitres ont une certaine autonomie et peuvent se lire dans n’importe quel ordre.)

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